Sigillée

Origine


La céramique à vernis rouge, recouverte d'un engobe grésé et cuite en atmosphère oxydante, est très en vogue dès le IIe siècle av. J.-C. dans le Proche-Orient hellénistique, tout comme les décors en relief moulés ou réalisés à la barbotine. Ce sont très probablement les nombreux commerçants et légionnaires romains présents dans cette région qui introduisirent cette mode en Italie.

Les premières sigillées ont été datées des IVe-Ve siècles av. J.-C. Cette technique a été utilisée différemment par les Grecs, avec une finition très enfumée et non vitrifiée. Ce sont les Étrusques qui ont perfectionné la recette, permettant d'atteindre une technique de vitrification parfaite.

La céramique sigillée est une céramique fine, caractéristique de l'Antiquité romaine, destinée au service de table. Cette technique était couramment utilisée pour les faïences haut de gamme. Les pièces étaient recouvertes d'une couche d'argile composée de particules extrêmement fines. La sigillée est un vernis d'engobe : elle s'applique comme un engobe tout en produisant l'effet d'un émail. Elle est le résultat d'une décantation de l'argile dans l'eau.

Seules les fines particules de terre sont appliquées sur les pièces, ces dernières vitrifiant à la cuisson grâce à la révélation des particules de fer. Étant donné que la sigillée est très liquide, on l'applique sur une terre très sèche. Elle cuit en atmosphère oxydante, devenant ainsi étanche tout en renforçant la dureté de sa surface. La température de cuisson de la sigillée est identique à celle des faïences, soit environ 1 000 °C.

En général, la sigillée est associée à un enfumage, ce qui permet d’intensifier les couleurs et d'améliorer son étanchéité. La sigillée repose sur une combinaison de techniques complexes, offrant des possibilités infinies. Certaines pièces portent des estampilles, d'où elle tire son nom : "sigillée" provient de sigillum, qui signifie "sceau".

Ce type de poterie connut un immense succès dans le monde méditerranéen à partir du règne d’Auguste. Plusieurs grands centres de production sont identifiés, permettant de retracer leur histoire, notamment leur déplacement progressif vers les provinces romaines.  

La Fabrication

• À partir de terres ramassées :

  1. Faire sécher la terre.
  2. La broyer.
  3. La tamiser à l'aide d'un tamis de maçon, en jetant les éléments restants (végétaux, cailloux, sable).
  4. Peser la quantité nécessaire.
  5. Tremper la terre dans la quantité d'eau correspondante et bien mélanger.
  6. Passer la pâte obtenue dans un tamis de maille 60.

• La décantation :

  1. Mélanger la terre et l'eau avec seulement 0,01 % de silicate de soude, utilisé comme défloculant. Cela permet d'accélérer le processus de décantation et de vitrifier la silice contenue dans la terre.
  2. Laisser décanter pendant 24 heures.
  3. Verser délicatement l'eau contenant les particules légères dans un autre récipient, en prenant soin de laisser les particules lourdes (le "gluant") au fond pour ne pas contaminer le liquide précieux.

• L'application de la sigillée se fait sur une pièce crue, sèche ou à consistance cuir, généralement polie. Bien que le polissage ne soit pas indispensable, il contribue grandement à l'effet de brillance. Ce polissage s'effectue à consistance cuir sur le tour, à l'aide d'une estèque, de cuillères ou de pierres à polir (agate, hématite...). Cette étape resserre les particules de terre entre elles et fait remonter l'eau à la surface.

La consistance de la sigillée doit être similaire à celle d'une pâte à crêpes liquide. Elle peut être appliquée au pinceau ou par trempage. Il est important de bien retirer les gouttes restantes pour éviter tout risque de décollement. La pièce devient rapidement sèche au toucher, ce qui permet de la lustrer avec un sac plastique fin froissé, un matériau plus doux que le foin utilisé à l'époque.

Il faut appliquer trois couches, en lustrant entre chacune, pour obtenir une vitrification parfaite. Au-delà de trois couches, la sigillée risque de se décoller. Avec seulement deux couches, elle demeure poreuse.   

                                                                                                

• La cuisson au bois crée des effets intéressants sur la sigillée. Les pièces peuvent se toucher entre elles puisqu'elles sont uniquement en argile. La courbe de cuisson doit être progressive. A 900 °C la brillance commence, à 1000°C la terre se ferme et à 1050°C la brillance disparaît.

• L'enfumage peut être réalisé, directement en sortant les pièces du four (400°C) lorsque les terres utilisées

sont chamottées (tessons broyés mélangés à la terre). Pour les terres non chamottées et les pièces fines on enfume directement dans le four (herbe humide, copeaux, paille qui créent des effets différents...). On peut désenfumer si le résultat ne nous convient pas. Pour cela il suffit de réanimer le feu.