Kintsugi

Le kintsugi (qui signifie "jointure en or" ou "réparation en or") est une méthode japonaise de réparation des porcelaines et céramiques brisées, réalisée avec de la laque saupoudrée de poudre d'or. L'art du kintsugi suit un rituel lent et minutieux, demandant patience et concentration. Jour après jour, semaine après semaine, étape par étape, l'objet est nettoyé, pansé, soigné, guéri, et finalement sublimé.

L'histoire du kintsugi                                                              

• L'art du kintsugi est né lorsque le shogun Ashikaga Yoshimasa envoya un bol de thé endommagé en Chine pour le faire réparer. Le bol fut retourné orné d'agrafes peu esthétiques. Pour restaurer cet objet de manière plus raffinée et délicate, les artisans japonais développèrent une laque enrichie d'un additif métallique, souvent de l'or ou de l'argent.

Il ne s'agissait plus de dissimuler les réparations, mais de les sublimer. La casse d'une céramique ne signifiait plus sa fin, mais son renouveau, inscrit à la fois dans l'âme de l'objet et dans sa continuité.


Symbolique

• L'art du kintsugi est souvent utilisé comme symbole et métaphore de la résilience en psychologie. Sa philosophie consiste à apprécier ce qui ne répond pas à tous les critères de perfection, à commencer par soi-même. Le kintsugi incarne la résilience et la guérison, car l'objet brisé est soigné et valorisé. Il assume, pour ainsi dire, son passé et devient, paradoxalement, plus beau, plus résistant et plus précieux qu'avant l'accident.

Plutôt que de chercher à effacer ou dissimuler les imperfections, cette méthode japonaise les met en lumière, invitant à aimer un objet restauré sous une nouvelle forme. Elle s'inscrit dans une philosophie plus vaste : celle du wabi-sabi, qui célèbre la beauté de l'imperfection et de la simplicité.


Technique

• La technique de réparation à la laque d'or fait partie des méthodes traditionnelles de maki-e, utilisées par les artisans laqueurs japonais. La seule véritable limitation technique réside dans l'habileté du restaurateur, qui peut ajouter des motifs selon son expertise.

Cette méthode de restauration de céramique ne se limite pas à l'utilisation de l'or. Ainsi, lorsque de l'argent est employé à la place de l'or, la technique prend le nom de gintsugi. De même, lorsqu'une simple laque est utilisée sans additif métallique, on parle alors d'urushi tsugi.

La restauration                                                                 

La restauration selon la technique du kintsugi suit plusieurs étapes :

  1. La pièce est soigneusement nettoyée, puis collée en plusieurs phases, avant que les fissures ne soient rebouchées.
  2. Une laque spéciale est appliquée en plusieurs couches, chacune étant poncée pour assurer une surface homogène.
  3. Une dernière couche de laque rouge est posée, puis saupoudrée de poudre d'or.
  4. Une fois sèche, l'or est délicatement poli à l'aide d'une pierre d'agate pour révéler tout son éclat.

À l'ère de la consommation de masse, le kintsugi représente un véritable art de vivre, invitant à relativiser. Il encourage à apprécier la simplicité, l'unicité et l'imperfection. Les défauts d'un objet cassé deviennent des caractéristiques uniques, conférant une authenticité précieuse tout en témoignant de l'histoire de l'objet.